5ème - Sujet 1 "Expressions et Couleurs"


Objectifs : Travailler la couleur comme moyen d’expression, étudier la symbolique des couleurs et le cercle chromatique.


Consignes : Choisissez une expression populaire citant le nom d’une couleur et illustrez-la en lui donnant tout son sens (propre et figuré).


Contraintes : Illustrez l’expression choisie en utilisant uniquement la couleur citée dans cette expression (ex : uniquement le rouge pour « rouge de colère »).
Vous pouvez rehausser les contours et les valeurs avec des crayons blancs et noirs. Travail individuel.

Durée : 4 séances

Critères d’évaluation :



1) Respect des consignes                                        /4

2) Technique de représentation de l’expression    /5
3) Double sens de lecture (propre et figuré)          /5
4) Créativité, originalité                                         /3
5) Soin du rendu final                                             /3
                                                                                /20



La Symbolique des couleurs

Dans l’antiquité, seuls le rouge, le noir et le blanc ont le statut de couleur, le bleu, le vert et le jaune font l’objet d’un véritable désintérêt.



Pour Michel Pastoureau, historien et spécialiste des couleurs en compte six, pas davantage :


« D’abord, ce timoré de bleu, favori de nos contemporains parce qu’il sait se faire consensuel. Puis l’orgueilleux rouge, assoiffé de pouvoir, qui manie le sang et le feu, la vertu et le pêché. Voici le blanc virginal, celui des anges et des fantômes, de l’abstention et de nos nuits sans sommeil. Puis le jaune des blés, un complexé celui-là, mal à l’aise dans son statut (il faut l’excuser, on l’a si longtemps marqué par le sceau de l’infamie). Vient encore le vert, de mauvaise réputation lui aussi, trompeur et roublard, roi du hasard et des amours infidèles. Enfin, le somptueux noir, qui joue double jeu, contrit dans l’austérité, arrogant dans l’élégance… »

Ensuite, pour Michel Pastoureau, il y a un deuxième niveau, les seconds couteaux en somme : violet, rose, orangé, marron et le gris, un peu à l’écart…

« Cinq demi-couleurs qui portent des noms de fruits et de fleurs. Elles ont réussi à se doter de symboles bien à elles, à se faire une identité. Derrière vient l’interminable défilé des nuances, inutile de les compter : chaque jour, on en invente de nouvelles. »

Les 6 couleurs de base :
- Bleu : Couleur de l’eau et de l’air, présence immatérielle, couleur divine symbolisant le calme, la douceur, la discipline.
- Rouge : Couleur de la passion, de l’amour, de la vie et de la puissance, mais aussi celle de la violence, du sang, du feu et de l’interdit.
- Vert : Couleur de la nature et de la propreté, mais aussi celle du hasard et de la chance, ainsi que de l’immaturité (fruit vert) et des mauvais esprits (démons, dragons verts).
- Jaune : couleur de la trahison et de l’infamie en occident, cependant vénérée en Chine, couleur lumière.
- Blanc : Couleur de la pureté, de l’innocence, de la virginité (neige) et de la lumière, mais aussi celle de l’absence et de la propreté.
- Noir : Couleur du deuil, de la mort et de l’obscurité, mais aussi celle de l’élégance et de l’autorité.

Les 5 demi-couleurs :
- Violet : Couleur du deuil et de la vieillesse.
- Rose : Couleur de la tendresse, de la douceur et de la féminité.
- Orangé : Couleur de la chaleur, de la joie, de la vitalité et de la santé.
- Marron (brun) : Couleur de la saleté, de la brutalité, de la violence, mais aussi celle de l’humilité et de la pauvreté.
- Gris : Couleur de la tristesse, de la mélancolie, de l’ennui et de la vieillesse, mais aussi celle de la sagesse et de l’intelligence (matière grise).


Les Couleurs ont une histoire...

La Préhistoire (avant l'invention de l'écriture en 3 300 av. J.-C.)

Entre 40 000 et 11 000 avant notre ère, les hommes ornent les grottes d’Europe de peintures.


Le noir est issu du charbon de bois ou d'os, du charbon minéral ou bien de l'oxyde de manganèse.

Le rouge provient d'un oxyde de fer appelé hématite qu'on trouve à l'état naturel dans le sol.
Le Jaune est issu d’un autre hydroxyde de fer appelé goethite.

Cheval jaune, Grotte de Lascaux, 15 000 av. J.-C.

Panneau des Rhinocéros,
Grotte Chauvet 30 000 av. J.-C.

Bisons, Grotte d’Altamira (Espagne)
13 500 – 11 500 av. J.-C.
L'Égypte antique (environ 3 150 av. J.-C. à 31 av. J.-C.)

Les Egyptiens utilisaient beaucoup de couleurs pour peindre leurs tissus, leurs temples et leurs sarcophages. 

Le bleu égyptien est le premier colorant synthétique fabriqué par l'homme, il y a environ 4500 ans. Le bleu est le souffle divin et décore donc la coiffure de ceux qui sont partis dans l'Eternité.
Prince Amon Her Khopechef, Vallée des Reines, Louxor, 1150 av. J.-C.

Le vert égyptien était fabriqué comme le bleu égyptien, mais en changeant les proportions des composants.

Cette couleur est associée à la végétation, à la vie qui renaît, et donc à la renaissance. Un visage peint en vert annonce la résurrection. La seule couleur verte des amulettes suffit à protéger celui qui la porte.
Amulettes d’Horus, schiste vert Egypte, 664-343 av. J.-C.

La Grèce antique (VIIIe siècle av. J.C. - IVe siècle av. J.-C.)

Dans  l’antiquité,  seuls  le  rouge,  le  noir  et  le  blanc  ont  le  statut  de  couleur ;  le  bleu,  le  vert  et   le  jaune  font  l’objet  d’un  véritable  désintérêt.

La suprématie du rouge s’est imposée dans tout l’Occident durant l’Antiquité, considéré comme la seule couleur digne de ce nom.
Héraclés face à Cerbère, amphore à figures rouges, Grèce, 520 av. J.-C.

La Rome antique (VIIe siècle av. J.-C. - Ve siècle après J.-C.)

Pompéi, ensevelie par le Vésuve le 24 août 79, est aussi célèbre par la couleur rouge des murs de ses demeures.
Ce rouge pompéien donne un aspect très attrayant à ces habitations.
Il provient du cinabre (sulfure de mercure), réduit en poudre qui donnera le rouge vermillon.
Villa des Mystères, Pompéi
La couleur bleue était déconsidérée pendant toute la période romaine et il faut attendre la fin du XIIème siècle pour la voir adopter par les puissants.

Les mots évoquant le bleu sont principalement d'origine arabe et non latine ou grecque, par exemple azur vient de l'arabe lâzaward

Le Moyen-Âge (Ve siècle - XVe siècle)

Cette époque de la chevalerie avait découvert l'azur et l'or qui furent associés aux couleurs chrétiennes.

Ces couleurs correspondent alors au commandement et la dignité d'un rang élevé de celui qui les porte.

Ainsi la couleur bleue est réhabilitée et va représenter le royaume de Dieu.
La croix de la vie, Mosaïque, église Sainte Clémente, Rome, 1118

L'époque moderne (XVe siècle - XVIIIe siècle)

Les peintres de la Renaissance cherchent à imiter la réalité, à se rapprocher le plus possible de la perception visuelle de la nature.

Les fonds colorés du Moyen-Age laissent place à des paysages réalistes grâce à la perspective atmosphérique.

Le peintre Léonard de Vinci s'intéresse beaucoup à la perception des couleurs, dans son livre inachevé Sulla pittura, il explore la réalité des ombres et des lumières.
La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne
Léonard de Vinci, vers 1508 
La bataille d’Alexandre, Albrecht Altdorfer, 1529
Allemagne

Le Romantisme (fin XVIIIe siècle - 1ère moitié du XIXe siècle)

Les peintres romantiques utilisaient la couleur afin de représenter les élans du cœur et de la passion, l’irrationnel et l’imaginaire, le désordre et l’exaltation.


Le Romantisme s’oppose au Néoclassicisme qui prône une beauté idéale, le rationalisme, la vertu, la ligne, le culte de l’Antiquité classique.


Pandémonium, John Martin, 1841, Angleterre

L'Impressionnisme (2nde moitié du XIXe siècle)

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, les peintres impressionnistes vont s'affirmer et créer une petite révolution.


Leurs œuvres sont élaborées à partir de la connaissance scientifique de la lumière et des couleurs, grâce aux travaux d'Isaac Newton sur la décomposition de la lumière blanche, en isolant trois couleurs primaires (rouge, bleu, vert) et les trois complémentaires (vert, violet, orange).

Pour ces artistes, pas de peinture en atelier ni de dessins préparatoires. Pour capturer la lumière réelle et retranscrire leur ressenti, rien de tel que la peinture en plein air.
Impression, soleil levant, Claude Monet, 1872

L'Expressionnisme (début XXe siècle)

L'expressionnisme rompt aussi avec l'impressionnisme à travers une forme très agressive : des couleurs violentes, des lignes acérées.


Les artistes déforment la réalité pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle. Les représentations sont souvent fondées sur des visions angoissantes, déformant et stylisant la réalité pour atteindre la plus grande intensité expressive.

La technique photographique se perfectionne et le rapport de l'art à la réalité s'en trouve profondément modifié. L'art pictural perd sa fonction de moyen privilégié de reproduction de la réalité.
Les couleurs se libèrent des normes...
Le cri, Edvard Munch 1893, Norvège

« Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d'un coup le ciel devint rouge sang je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu noir et la ville — mes amis continuèrent, et j'y restai, tremblant d'anxiété — je sentais un cri infini qui se passait à travers l'univers. »

Edvard Munch


La Chine ancestrale (IIe millénaire av. J.-C.)





Depuis les anciens temps, la couleur jaune, la plus noble, a été inséparablement liée à la culture traditionnelle chinoise.


Sous le règne de l’Empereur Jaune, il y a environ 5 000 ans, et durant les dynasties qui se succédèrent, le jaune représentait la terre, symbolisant le centre de l'univers, le cyan représentait le bois, symbolisant l'est, le rouge représentait le feu, symbolisant le sud, le blanc représentait le métal, symbolisant l'ouest, et la couleur noire représentait l'eau, symbolisant le nord.



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